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L’aide aux devoirs en ligne ou l’art de la triche organisée

Aide aux devoirs triche en ligne

C’est un service de plus en plus répandu. Vous n’aurez pas de mal à trouver une plateforme sur le web vous proposant de rédiger la dissertation de philo que vous devez rendre la semaine prochaine. Bonnenote.fr (un site qui a été décrié par beaucoup en France – son fondateur a lancé une autre plateforme, MyStudies, en 2019), Redaxio.fr, ExpertMemoire.com ou encore Pimido.com : les offres sont légion. Une « aide » appréciée par les plus paresseux mais qui, sous la couverture d’un service de soutien scolaire, s’apparente davantage à un outil de triche redoutable.

Vers l’ubérisation des devoirs

Alors, de quoi s’agit-il ? Ces entreprises sont apparues il y a quelques années et ont secoué le marché du soutien scolaire. Elles proposent à leurs clients de rédiger des copies sur mesure dans toutes les matières en échange d’une rémunération. En quelques clics, vous voilà donc en possession d’un devoir sans le moindre effort ! En prime, “votre expert adapte le style de la rédaction à votre niveau d’études et à votre manière personnelle de rédiger” indique ExpertMemoire.com.

Bien entendu, ces plateformes ont provoqué des remous. D’une part, ces services ne sont pas à la portée de toutes les bourses (le prix d’une copie de dissertation oscille entre 10€ à plus de 100€ !) et agissent donc à l’encontre de l’égalité des chances, principe si cher à l’Éducation nationale. D’autre part, en faisant miroiter le devoir parfait aux étudiants, ces entreprises s’inscrivent dans une démarche de clientélisation des élèves, de quoi affaiblir un système éducatif déjà vacillant en France. Le niveau scolaire des élèves français est sur une pente descendante depuis plus d’une dizaine d’années.

Tarifs proposés par MyStudies.com

Cette industrie, connue sous le nom de « contract cheating », terme inventé par Thomas Lancaster et Robert Clarke en 2006 dans Eliminating the successor to plagiarism? Identifying the usage of contract cheating sites., succède au plagiat, pratique aujourd’hui sur le déclin. Les fondateurs de ces plateformes en ligne assurent tous que les devoirs vendus doivent être retravaillés par les élèves est que le but principal est la coopération entre l’élève et un rédacteur assigné par la plateforme. Ne soyons toutefois pas naïfs : beaucoup d’élèves rendent le devoir tel quel à leur professeur.

La culture de la triche exacerbée par les confinements

Avant toute chose, revenons dans le passé le temps de quelques lignes. Les inégalités scolaires et l’influence du milieu social sur les résultats scolaires remontent à bien longtemps. Même si le lycée de Napoléon créé en 1802 qui avait pour vocation à former « l’élite de la nation » offrait des bourses pour les familles ne disposant de revenus suffisants, l’inégalité des chances sociales devant l’enseignement est intrinsèque au système français. Aujourd’hui, la désillusion des « enfants de la démocratisation scolaire » (comme les appelle le sociologue Stéphane Beaud dans son ouvrage 80% au bac… et après ?) est le fruit d’une volonté politique qui a favorisé la promotion sociale d’une minorité échappant à la surpopulation et au déclassement des universités françaises. La marchandisation de l’éducation opérée par les plateformes d’aide aux devoirs s’inscrit donc dans cette dynamique.

La pandémie et les confinements ont favorisé cette tendance. Les cours à distance ont mis en difficulté de nombreux élèves. De retour à la maison, ces derniers ont donc profité d’une organisation chamboulée et d’un enseignement numérique hésitant à ses débuts. Antisèches ou bien cours entiers pour les moins scrupuleux, groupes Messenger ou oreillettes pour les plus équipés, les jeunes ont rivalisé d’idées pour tricher lors de leurs partiels ou interrogations à distance. Le confinement a donc été une aubaine pour les sites spécialisés. Il n’a pas créé la triche, bien sûr, mais l’a grandement facilitée.

Source : site MedChallenger

La technologie anti-triche : la naissance d’un nouveau marché

Zoom : ce nom est maintenant familier de tous. La plateforme de visioconférence a connu une croissance sans précédent en 2020. Le spécialiste a été le grand gagnant du télétravail et des cours à distance. La question des examens sur fond de pandémie a été problématique pour de nombreux établissements. Ces derniers ont, pour la plupart, renoncé à la surveillance de leurs étudiants et n’ont pas pu contrecarrer les tricheurs. Dans d’autres écoles, la télésurveillance via Zoom a remplacé les yeux du surveillant. Ainsi, HEC Paris avait fait polémique l’année dernière en utilisant Proctorio, un logiciel intrusif détectant les comportements suspects.

L’intelligence artificielle a été mise à profit contre la massification de la triche. On connaissait les vérificateurs de plagiat tels que Turnitin, une EdTech américaine spécialisée dans la détection du plagiat – elle avait même été accusée d’exploiter les travaux des étudiants à des fins commerciales.

Maintenant, des solutions complètes sont proposées aux établissements, professeurs et élèves. TestWe, une plateforme tout-en-un qui a levé 1,4 millions d’euros depuis sa création, entend ainsi révolutionner les examens en ligne. Cette startup parisienne offre un environnement anti-triche, que ce soit via un surveillant en direct pour les sessions d’examens synchrones ou grâce à la captation audio et vidéo par la webcam de l’étudiant pour les sessions d’examens asynchrones. Formative, une EdTech californienne qui suit la progression en temps réel de ses élèves, a levé 70 millions de dollars en juin 2021. En plus de proposer une solution complète pour les professeurs, elle détecte automatiquement le plagiat et les copier-coller.

Néanmoins, ces logiciels portent atteinte à la vie privée des étudiants filmés et sont loin de faire l’unanimité :

La rédaction de devoirs en ligne est un sujet épineux. Sous couvert de soutien scolaire, certaines startups proposent de mâcher le travail de leurs clients. Cette dérive a mené à la création de nouvelles plateformes qui se sont massivement développées à la suite du confinement. Un mal pour un bien donc, pour le secteur EdTech ?

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