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Y Combinator : comment elle s’impose dans l’univers EdTech ?

Y Combinator

Y Combinator, ce nom ne vous dit rien ? Et pourtant, il s’agit du meilleur incubateur au monde ! Cette structure californienne a fait émerger les plus grands (Airbnb, Dropbox, Reddit, etc.) et ouvre chaque année sa porte à de nouvelles pépites. Direction donc les États-Unis pour découvrir les rouages de cet incubateur qui cajole la fine fleur de la tech !

Retour vers le passé : les États-Unis, une terre de pionniers

Fruit de la colonisation européenne, le pays de l’oncle Sam a construit son histoire sur un modèle particulier. Une culture forgée par les siècles d’expansion européenne et un esprit pionnier hérité de la mythique Conquête de l’Ouest : voici le mélange à l’origine de cette nation si curieuse. Le concept historique de frontier, ciment de la société et de l’identité américaines selon la pensée de Frederick Jackson Turner, en est l’illustration par excellence.

“What the Mediterranean Sea was to the Greeks, breaking the bond of custom, offering new experiences, calling out new institutions and activities, that, and more, the ever retreating frontier has been to the United States directly, and to the nations of Europe more remotely.”

Frederick Jackson Turner, The Significance of the Frontier in American History (1893)

Cette ligne de fuite est le symbole même de tout l’état d’esprit de ce jardin du monde, terre promise vierge qui n’attendait plus qu’à être cultivée. Elle met en exergue la nécessité pour les Américains de se rendre maîtres de ce nouvel espace sous peine de voir leur identité menacée. Et c’est ce qu’ils ont fait ! Innovation, appétit pour le risque et conquête du monde : autant dire que la philosophie américaine est singulière. Les États-Unis, sanctuaire du capitalisme, ont été les initiateurs de l’entreprise moderne. Leur leadership sur les affaires mondiales et leur économie dynamique sont aujourd’hui incontestables. Ainsi est-ce outre-Atlantique que le phénomène des startups est apparu à l’aube du XXème siècle. L’innovation, les Américains ont donc ça dans le sang !

L’incubation, une stratégie nouvelle fleurissante qui a le vent en poupe

C’est tout naturellement aux États-Unis que s’est développé le concept d’incubation. Il s’agit de structures d’accompagnement destinées à soutenir les entrepreneurs et leurs idées et accélérer le développement de leurs structures (mission réservée aux accélérateurs, si l’on souhaite être précis dans la terminologie). C’est au cœur de la Silicon Valley, épicentre de l’innovation, que l’écosystème des incubateurs bouillonne donc.

Retraçons en quelques mots l’évolution de ce phénomène aujourd’hui très en vogue. Nés au départ d’initiatives locales, dès les années 1960 dans des États comme le Texas, le Minnesota ou l’Alabama, les incubateurs ont vite conquis les cœurs. À partir des années 1990 et l’accélération de la mondialisation, la stratégie des pépinières s’est développée dans le monde académique. Elles n’ont cessé de se développer et de se réinventer. Aujourd’hui, leur nouvelle philosophie est ainsi la spécialisation dans des secteurs bien définis.

Selon l’International Business Innovation Association (InBia), il y aurait plus de 7000 incubateurs dans le monde. L’engouement né à la fin des années 2000 est toujours de mise. Une étude Roland Berger, cabinet de conseil en stratégie de premier rang, a ainsi montré l’explosion de leur nombre depuis 2009. Parmi les meilleurs, on retrouve la French Touch avec le colosse Station F, plus grand incubateur au monde réparti sur 34 000 m2 au cœur de la capitale. Le plus célèbre nous vient quant à lui tout droit de la baie de San Francisco. J’ai nommé… le grand Y Combinator !

Y Combinator : la vedette de l’incubation élargit ses horizons

Créé en 2005 par Paul Graham et Robert Tappan Morris, Y Combinator est la crème de la crème des incubateurs. Ses petites protégées l’intègrent au terme d’une rude sélection qui voit environ 96% des candidatures rejetées. Elles suivent alors un programme de 3 mois ponctué par des dîners hebdomadaires et qui se termine par le Demo Day, un événement sélect lors duquel les jeunes pousses se présentent à des business angels et sociétés de capital-risque. Parmi les plus belles réussites de Y Combinator, on retrouve le champion de la location valorisé à plus de 100 milliards de dollars Airbnb, Dropbox ou encore Reddit. Une machine à succès donc !

À l’été 2016, le mastodonte de la startup a notamment créé en son sein une verticale spécialisée EdTech en intégrant Imagine K12, un accélérateur axé sur les technologies éducatives avec qui il a toujours eu une relation privilégiée. Une consécration pour le secteur !

Un aperçu des start-ups EdTech au sein de l’accélérateur Imagine K12

Après un bilan post-Covid réjouissant, voici donc un tour d’horizon des toutes dernières entreprises EdTech venues se frotter au programme prestigieux de l’incubateur :

Female Invest : donner aux femmes le pouvoir d’investir

Création : 2017

Nombre de salariés : 9

Startup de la dernière promo en date (batch S21), Female Invest est une plateforme de e-learning destinée à enseigner aux femmes comment tirer le meilleur profit de leur argent et commencer à investir. Son but : amenuir le contraste homme/femme et favoriser l’émancipation des femmes. La startup Copenhaguoise fondée en 2017 par trois femmes a été consacrée par l’édition 2020 « 30 Under 30 » comme étoile montante de l’écosystème entrepreneurial en finance. Elle a levé 10 millions de couronnes danoises (1,5 million de dollars).

Litnerd : le story-telling à l’heure du digital

Création : 2020

Nombre de salariés : 3

Litnerd est aussi l’une des toutes dernières recrues du Y Combinator. Cette pépite EdTech propose aux écoles des ateliers d’apprentissage et des programmes SEL (Social and Emotional Learning) en ligne. Sa particularité : le story-telling. Elle donne ainsi vie aux livres pour initier la lecture aux enfants et stimuler leur imagination.

Filadd : comment intégrer l’université de ses rêves

Création : 2016

Nombre de salariés : 25

Originaire du « cœur de l’Argentine », la province de Córdoba, la startup Filadd était au départ une plateforme de partage de cours et de résumés. En 2018, son nouveau service de soutien virtuel dispensé par des professeurs expérimentés voit le jour. Il a pour but d’aider les étudiants latino-américains à intégrer les meilleures universités du continent telles que l’Université pontificale catholique du Chili (UC) ou l’Université de São Paulo (USP). Avec 335 000 $ de fonds levés auprès d’Alaya Capital, la jeune pousse ne cesse de se développer. Ainsi Filadd enchaîne les distinctions : première place du concours « Emprendedor Digital 2019 » et troisième prix de l’édition 2017 de NAVES, programme qui aide les entrepreneurs à transformer leurs idées en réalité.

AppX : une nouvelle EdTech indienne

Création : 2020

Nombre de salariés : 8

Implantée au sein de la capitale indienne, vivier de startups, AppX suit la lignée de son grand frère Byju’s. La startup offre des solutions adaptées aux besoins des enseignants en ligne. Au service de l’EdTech, elle propose ainsi de les aider à partager leurs cours, ebooks ou examens sur une application ou un site web.

Kiwify : vendre ses cours en ligne

Création : 2020

Nombre de salariés : 10

La startup brésilienne de la cuvée W21 Kiwify est une plateforme de création et de vente de cours en ligne. Elle vient notamment de lever auprès du Y Combinator 125 000 dollars en février dernier. Encore une championne en devenir pour le pays latino-américain, continent prometteur pour le secteur EdTech !

Avion School : apprendre aux Philippins le métier d’ingénieur en informatique

Création : 2020

Nombre de salariés : 4

L’école Avion School a pour objectif de former les futurs ingénieurs en informatique philippins en seulement 12 semaines, contre 17% de leurs futurs revenus. La startup encore en phase d’amorçage a au total levé 125 000 dollars en deux tours de tables.

Turing College : former aux métiers de la donnée

Création : 2020

Nombre de salariés : 15

L’école lituanienne Turing College trouve son origine dans la fondation de la Turing Society en 2015, un écosystème dédié à la tech et à l’éducation. L’histoire a commencé avec la rencontre de Teodor Cătăniciu et Tomas Moška, deux étudiants de l’université Érasme de Rotterdam qui ont terminé un Boot Camp de codage dans la Silicon Valley. Construite sur le même modèle que Avion School, elle forme à la science des données et l’intelligence artificielle.

UPchieve : démocratiser l’accès au soutien scolaire

Création : 2016

Nombre de salariés : 6

L’EdTech new-yorkaise à but non lucratif UPchieve souhaite aider les étudiants à faible revenu à bénéficier d’un tutorat 24h/24 et 7j/7 en ligne gratuit. Avec un concept assez révolutionnaire, UPchieve veut construire un monde dans lequel il ne faut pas être riche pour atteindre ses objectifs académiques. Son objectif à l’horizon 2030 : étendre le tutorat gratuit à 8 millions d’étudiants aux États-Unis.

Kidato : une solution à l’épreuve des classes surchargées en Afrique

Création : 2020

Nombre de salariés : 15

En Afrique, les classes surchargées sont un fléau pour le système éducatif, avec un ratio pouvant dépasser 50 élèves pour 1 enseignant formé en Afrique subsaharienne. Kidato se veut être l’alternative aux écoles privées trop chères pour l’Africain de la classe moyenne. Cette école est née pendant la pandémie qui frappait de plein fouet le monde et entraînait la fermeture des écoles. Sa présence au sein du Y Combinator lui permettra donc d’accélérer son développement. La startup africaine propose déjà des programmes extrascolaires pour apprendre à jouer aux échecs, débattre ou encore coder.

Coderhouse : l’Amérique Latine se met à la programmation

Création : 2019

Nombre de salariés : 78

Terminons enfin ce tour d’horizon en revenant sur les terres du Nouveau Monde avec Coderhouse, startup de Buenos Aires. La plateforme propose des cours en ligne en programmation, design, data et marketing pour les professionnels d’Amérique Latine. Une nouvelle entreprise qui donne donc espoir pour démocratiser l’éducation en Amérique Latine !

Ainsi pouvons-nous constater une solide apparition de l’EdTech dans les derniers batchs du Y Combinator. Les services proposés par les startups sont principalement orientés vers le consommateur, et moins vers les institutions comme les écoles. L’un des exemples les plus parlants est Kidato. L’école digitale s’adresse à la classe moyenne africaine n’ayant pas les moyens d’offrir à leurs enfants une école privée.

En conclusion, notons que la stratégie du Y Combinator s’établit maintenant sur une réelle dynamique d’internationalisation. En effet, il sort des sentiers battus en s’aventurant dans des terres et continents à haut potentiel tels que l’Asie, l’Afrique et l’Amérique Latine avec notamment le Brésil, nouvelle terre d’avenir du secteur EdTech.

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