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À qui profitent les formations CPF ?

Usagers CPF

Après le partage de premiers résultats d’analyses sur les formations CPF dans le premier article de cette série, EdTech Capital s’intéresse désormais aux apprenants poursuivant ces formations depuis le début de l’année 2020 jusqu’au troisième trimestre 2022. Chômeurs, cadres ou employés, jeunes ou moins jeunes : qui sont les usagers du CPF ? Combien d’euros ont été engagés dans le dispositif depuis 3 ans ?

Pour ne rien manquer du premier épisode :

Voici un extrait de la description du jeu de données utilisé pour la construction de cette analyse, fourni par le Groupe Caisse des Dépôts :

“Le jeu de données permet de reconstituer les principales caractéristiques des usagers de Mon Compte Formation. Il porte sur l’ensemble des entrées en formation des usagers depuis début 2020, y compris les formations clôturées depuis […]. Les dossiers sont regroupés par trimestre de date d’entrée en formation, et la mise à jour du jeu de données est trimestrielle, en début de trimestre. Les caractéristiques disponibles sont la région de domiciliation, le genre, la classe d’âge et la situation du titulaire.”

Informations : cet article contient une partie des analyses réalisées en interne via le logiciel Tableau et les bases de données transmises par la Caisse des Dépôts. Toute utilisation graphique nécessite l’autorisation écrite d’EdTech Capital. Les résultats partagés se fondent sur les données du T1 2020 jusqu’au T3 2022.

Le CPF : poids du marché et croissance explosive !

Un marché qui pèse plusieurs milliards

Dans la première partie de cette série d’analyses sur les formations CPF, nous publiions quelques résultats généraux. Au 1er décembre 2022, la France compte au total plus de 10 400 organismes de formations, proposant en tout près de 300 000 formations CPF. À quel point ces formations sont-elles populaires ?

Du T1 (“1er trimestre”) 2020 au T3 2022, au total 4,035 millions de français (“titulaires”) ont suivi environ 4,3 millions de formations CPF (“dossiers”). Un pic clair est atteint sur l’année 2021 avec 1,8 million de titulaires, soit plus de 2 fois plus qu’en 2020 (870 millions de titulaires environ). L’année 2022 pourrait égaler le pic de 2021, avec à la fin du T3 un total d’1,34 million de titulaires :

Qui dit croissance explosive du nombre d’apprenants, dit également croissance du chiffre d’affaires (montants engagés dans des formations CPF). Et pour cause : au total environ 5,8 milliards d’euros ont été engagés dans des formations CPF débutées depuis le T1 2020 jusqu’au T3 2022, dont 20% en 2020, 46% en 2021, le reste en 2022 (T4 exclu). L’année 2021 constitue une année record avec environ 2,67 milliards d’euros engagés dans des formations CPF.

Globalement entre 2020 et 2021, les montants engagés dans les formations CPF ont crû davantage (+136%) que le nombre de titulaires (+109%). Les formations suivies ont connu 25% d’augmentation des prix, et 30% d’augmentation de leur durée en moyenne (de 90 à 120h environ).

À retenir :

  • Explosion du nombre d’apprenants (4 millions en 3 ans, pic en 2021).
  • Un marché du CPF qui enregistre 5,8 milliards d’euros engagés dans des formations depuis le T1 2020. À titre de comparaison, la récente étude d’EY Parthenon estimait le poids du marché EdTech français à 1,3 milliard d’euros en 2021.
  • Des prix et des durées moyens en augmentation.

Une parité globalement respectée

Depuis le T1 2020 le nombre de femmes titulaires est pratiquement égal au nombre d’hommes titulaires : environ 2 millions. Sur chacun des trois ans, la situation est aussi équilibrée (voir graphique ci-dessus).

Cette parité en surface est moins parfaite lorsque l’on s’intéresse à la situation des titulaires ayant débuté une formation depuis le T1 2020. Selon les mots de la Caisse des Dépôts, la situation du titulaire “permet de faire la part entre les demandeurs d’emploi et les autres usagers : pour les autres, elle précise la CSP déclarée dans le dossier de formation lorsqu’elle est renseignée.”

Si les nombres de titulaires ‘demandeurs d’emploi’ et ‘cadres & professions intellectuelles supérieures’ sont globalement identiques pour les deux sexes (moins de 3% d’écart), il n’en est rien pour les titulaires ’employés’ ou encore ‘ouvriers’. Depuis 2020, on compte 13,5% de plus de titulaires employées que d’employés. À l’inverse, on dénombre deux fois plus de titulaires ouvriers que d’ouvrières (non visible sur le graphique ci-dessus).

À retenir :

  • Une parité globalement respectée concernant le nombre de titulaires sur les trois dernières années. Des montants engagés quasiment identiques pour les deux sexes.
  • Globalement autant d’hommes et de femmes cadres et demandeurs d’emploi titulaires. Davantage d’employées que d’employés et davantage d’ouvriers que d’ouvrières titulaires.
  • Une répartition par tranche d’âge entre hommes et femmes quasiment identique sur les trois dernières années.

Cadres ou demandeurs d’emploi, jeunes ou moins jeunes : qui sont les titulaires de formations CPF ?

Près d’un tiers des formations suivies par les demandeurs d’emploi

Le nombre de formations suivies (“dossiers”) est globalement équitablement réparti entre hommes et femmes ; c’est loin d’être le cas lorsque l’on se penche sur la situation des titulaires (demandeurs d’emploi, ou cadres, employés, ouvriers, non-salariés, et professions intermédiaires / techniciens / agents de maîtrise) :

La première place revient aux employés, qui constituent pratiquement 45% des 4,3 millions de formations ayant débuté entre le T1 2020 et le T3 2022. Les formations sont globalement bien réparties entre les classes d’âge, avec une concentration entre 26 et 45 ans.

Les demandeurs d’emploi suivent et représentent plus de 32% des formations sur les 3 ans. Pour information selon les chiffres de Pôle Emploi publiés récemment, la France compte environ 5,4 millions de demandeurs d’emploi en incluant toutes les catégories en 2022. Les apprenants demandeurs d’emploi sont particulièrement jeunes au regard des autres situations : près de 50% des formations ont été suivies par des français de moins de 35 ans, soit près de 700 000 formations en trois ans. Il s’agit également de la catégorie comptant la part la plus faible de formations suivies par des apprenants de plus de 56 ans et plus (7,6%).

Les formations suivies par les cadres, malgré leur part croissante dans la population active (entre 19 et 20% environ) ne représentent que 11% des formations CPF ayant débuté depuis le T1 2020. Les jeunes cadres de moins de 35 ans sont globalement peu réceptifs aux formations CPF en comparaison des autres situations. À l’inverse, les apprenants de plus de 56 ans enregistrent la deuxième plus importante activité de formation en proportion comparée avec les autres situations, après les professions intermédiaires / techniciens / agents de maîtrise.

On souligne le très faible nombre de formations suivies par les ouvriers depuis le T1 2020 (161 457, soit environ 3,8%), bien qu’ils représentent en France en 2019 environ 20% de l’emploi total, soit 5,3 millions de personnes selon l’Insee.

À retenir :

  • Plus de 30% des formations débutées depuis le T1 2020 ont été suivies par des demandeurs d’emploi ; en particulier par les moins de 35 ans.
  • 11% des formations débutées depuis le T1 2020 ont été suivies par des cadres et professions intellectuelles supérieures ; en majorité par des plus de 35 ans – une répartition de classes d’âge similaire à celle des professions intermédiaires, techniciens et agents de maîtrise.
  • Une très faible représentation des ouvriers parmi les formations débutées entre le T1 2020 et le T3 2022.

Zoom sur l’évolution annuelle de la répartition des formations suivies

Le graphique ci-dessous reprend la logique du précédent, en rajoutant une dimension d’évolution temporelle. Ce graphique plus précis permet d’extraire des tendances, dont quelques-unes sont partagées ci-dessous :

Pour chaque situation des titulaires, on observe un poids croissant des deux classes d’âge extrêmes (les jeunes de 16-25 ans, et les 56 ans et plus) parmi les titulaires des formations suivies entre 2020, 2021 et 2022.

À l’inverse, les trois classes d’âge intermédiaires (26-35 ans, 36-45 ans et 46-55 ans) ont tendance à voir leur poids relatif diminuer depuis 2020.

Enfin, le nombre de formations suivies (nombre de dossiers sur le graphique) par des non-salariés affiche la plus belle croissance relative entre 2020 et 2021 : +260% ; suivi par les formations plébiscitées par les employés en croissance relative de 154%.

À retenir :

  • Un poids croissant des jeunes de 16 à 25 ans et des apprenants de 56 ans et plus dans les formations CPF suivies depuis 2020.
  • Un poids décroissant des classes d’âge intermédiaires (26 à 55 ans) dans les formations CPF suivies depuis 2020.
  • Les non-salariés et les employés enregistrent les deux plus fortes croissances relatives des formations suivies entre 2020 et 2021.

Formations CPF : qui pèse le plus dans la balance ?

Dynamiques de croissance et recompositions

Le graphique ci-dessous illustre la répartition par classes d’âge ainsi que la répartition par situation des titulaires dans les montants totaux trimestriels engagés dans des formations CPF, du T1 2020 au T3 2022 :

La partie supérieure du graphique illustre la croissance explosive enregistrée par le marché du CPF depuis 2020. Le pic de croissance YoY (year over year) est enregistré pour le T2 2021 (+327% par rapport au T2 2020), suivi du T1 2021 (+235% YoY).

La croissance YoY entre 2021 et 2022 est bien présente sur les deux premiers trimestres, bien que moins impressionnante : +21% au T1 2022 YoY et +17,3% au T2 2022 YoY. La progression au dernier trimestre est encore inconnue – notons qu’empiriquement le dernier trimestre enregistre les montants engagés les plus importants en 2020 et 2021.

La répartition des titulaires selon leur classe d’âge parmi les montants engagés trimestriellement évolue très peu, à l’exception des 56 ans et plus et des jeunes de 16 à 25 ans (dans une moindre mesure), en cohérence avec les résultats analysés dans le graphique précédent.

Dans la partie inférieure du graphique : les demandeurs d’emploi et les cadres pèsent de moins en moins dans la balance des montants engagés dans les formations CPF, laissant du terrain aux employés (+20 points environ depuis le premier semestre 2020) qui génèrent désormais plus de la moitié des montants engagés (bien qu’ils ne représentent sur les trois premiers trimestres 2022 ‘que’ 47% des titulaires).

À l’inverse, avec un pic de représentation en 2020 (plus d’un tiers des montants engagés dans des formations CPF), les demandeurs d’emploi ne représentent plus qu’un quart de ces montants au T3 2022.

À retenir :

  • Une croissance annuelle continue du marché, bien que moins impressionnante en 2022 qu’en 2021
  • Les actifs de plus de 56 ans de plus en plus présents dans la balance du marché
  • les employés représentent désormais plus de 50% des montants engagés dans les formations CPF (+20 points en deux ans seulement), tandis que les demandeurs d’emploi ne ‘pèsent’ plus que 25% environ : signes d’une recomposition du marché ?

Une activité largement portée par 3 régions

Où se situent les titulaires de formations CPF débutées depuis le T1 2020, et quelles sont par conséquent les régions qui enregistrent les plus gros montants engagés dans ce marché ? Le graphique ci-dessous est assez explicite :

La région Île-de-France domine très largement le podium sur les trois ans, avec un ‘chiffre d’affaires’ total de plus d’1,7 milliard d’euros, soit environ 30% des 5,8 milliards d’euros engagés dans les formations CPF entre le T1 2020 et le T3 2022. La région Île-de-France représente également 30% de la totalité des titulaires ayant débuté une formation CPF sur la période.

C’est 2,5 fois plus que la région Auvergne-Rhône-Alpes – tant pour les montants engagés que le nombre de titulaires, pourtant elle aussi loin devant ses concurrentes. Les trois premières régions (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur) représentent à elles seules plus de 50% des 5,8 milliards d’euros engagés depuis le T1 2020 dans des formations CPF. À l’inverse, des régions moins actives comme la Bretagne, la Normandie, ou la région Centre-Val de Loire n’atteignent pas les 10% à elles trois.

À retenir :

  • Des inégalités régionales écrasantes quant aux montants engagés dans des formations CPF et aux nombres de titulaires, qui dépassent les disparités naturelles (variations démographiques, etc.).
  • L’Île-de-France domine largement avec 30% des titulaires depuis 2020 et 30% des 5,8 milliards d’euros engagés dans des formations CPF sur la même période.
  • Les trois premières régions (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur) comptabilisent plus de 50% des titulaires et des montants engagés depuis 2020.

Ces inégalités régionales mises en exergue mettent fin à cette deuxième partie d’analyse sur le CPF. Le troisième et dernier épisode de cette série sera publié prochainement.

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