Synthèse du 2ème épisode du podcast l’Education au Futur, autour du développement du géant EdTech américain Coursera : porteur des symptômes de la fin d’une ‘hype‘ EdTech ?
Coursera constitue probablement l’une des EdTechs cotées en Bourse qui représente le mieux ce mouvement de ‘hype‘ des années Covid. Créée par Andrew Ng — professeur de l’université Stanford — en 2012, la plateforme visait initialement à permettre à tous d’apprendre en ligne grâce aux avancées d’Internet et à rendre accessibles des formations d’exception.
Les différentes tentatives de croissance mises en place par Coursera
La majeure partie du contenu présent sur la plateforme de Coursera était d’abord gratuit et en libre accès. Coursera a ensuite décidé de rendre le payant, tout en ayant tissé des partenariats avec d’autres entreprises (comme Yahoo) pour financer le contenu tout en restant gratuit pour les particuliers. Des hordes apprenants recevaient alors à l’époque des ‘certifications’ provenant (par le biais de Coursera) d’universités et d’écoles prestigieuses (à l’image d’Harvard, de Yale, d’HEC, etc.). Face à cette situation – ubuesque quant à l’image de marque de telles formations, l’entreprise en 2014 décide de refermer son écosystème de distribution de certificats en rendant la plupart de son contenu payant en proposant des statements of accomplishment — des attestations de réussite de MOOCs conçus notamment par des universités de renom — payants aux utilisateurs complétant les formations.
En 2015, Coursera lançait le iMBA avec l’université de l’Illinois afin d’offrir pour un coût relativement faible un diplôme de qualité, tout en gonflant les rangs de l’université partenaire. Ce pari avait également été pris par HEC, la première Grande École française à travailler avec Coursera, avec notamment un MsC en innovation et entrepreneuriat. Sur les comptes d’HEC il y a quelques années figurait alors : “l’activité online connaît une belle performance grâce au programme sur l’innovation et l’entrepreneuriat. Son chiffre d’affaires passe de 983 000€ en 2017 à 3 300 000€ en 2018”.
Néanmoins, cette offre destinée aux particuliers a par la suite constitué une part minoritaire du revenu de Coursera puisque la plateforme a très vite initié un pivot du B2C (Business to Consumer) vers le B2B (Business to Business) en vendant à des écoles ou entreprises, avec un modèle de cours déployé durant la pandémie de Covid-19 ou un modèle permettant aux entreprises de faire bénéficier pour 400$ par an par salarié de cours à leurs effectifs.
Une dépendance au marketing commune à d’autres EdTechs
Coursera, tout comme 2U ou Udemy, possède un modèle économique très dépendant aux sales & marketing : un poste budgétaire au poids bien plus important que la Recherche et Développement dans les comptes annuels de la firme. De nombreuses critiques émises par des acteurs EdTechs décrient cette tendance de Coursera à investir bien plus en force de vente qu’en R&D pour amplifier sa croissance. On remarque donc une croissance du nombre total d’utilisateurs, mais à l’inverse une baisse de taux de finalisation des cours par ces derniers sur la plateforme.
Similairement à d’autres consœurs EdTech comme Duolingo ou Udemy, Coursera entre en Bourse en 2021 avec un cours à 33$ par action — permettant une levée de 540 millions d’euros — divisé par 4 très rapidement. Une situation qui aurait pu dissuader certaines EdTechs de réaliser eux aussi leur IPO, à l’image de Course Hero.
Avec le dégonflement des valorisations boursières du secteur EdTech, Coursera se doit d’être munie de liquidités car les entreprises en manque de cash devront faire appel au marché à des conditions potentiellement mauvaises.
Le dernier trimestre de Coursera
Le 27 avril, Coursera présentait ses résultats trimestriels du Q1 2022 en mettant en exergue une croissance du chiffre d’affaires de 36 % (120M€) par rapport à l’année précédente et une marge brute de 77M€ (contre 49.5M€ un an plus tôt). Cependant, Coursera enregistrait des pertes de 38.3M€ et un EBITDA ajusté de -11M€.
Si globalement les résultats présentés par l’entreprise sont décents, les marchés financiers l’ont sanctionnée avec une baisse immédiate du prix de l’action de 10 %. Des Investisseurs qui semblent lassés du modèle suivi par des entreprises EdTech comme Coursera (moins de cash, plus de croissance), comparativement à celui d’entreprises de services éducatifs plus classiques comme Pearson (au Q4 2021, Pearson présentait un chiffre d’affaires de 915M€ et 71M€ de résultats nets).
Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de Coursera s’articule principalement autour de trois piliers :
- le segment consumer avec la vente de certificats notamment, qui représente 68M€ sur les 120M€ de CA du trimestre
- le segment entreprise avec 39M€
- le segment des diplômes avec 13.3M€