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Régulations en Inde : le K12 et l’enseignement supérieur sur la sellette ?

L’Inde est un terreau fertile pour le secteur EdTech. Comptant plus de 3500 entreprises, le marché indien est considéré comme l’un des plus dynamiques au monde. En 2021, les startups EdTech indiennes levaient plus de 4 milliards de dollars… pour un total mondial d’environ 20 milliards (environ 20%). L’année dernière, la licorne et leader du marché local Byju’s levait 1.7 milliards de dollars à elle seule, profitant d’une hype portée par les conséquences de la crise sanitaire et des hausses globales des valorisations dans la Tech.

Or avec le retour à l’école et la baisse de la demande d’éducation en ligne, nombre de startups se voient obligées de réduire drastiquement leurs coûts : une situation traduite par des licenciements massifs ces derniers mois (Byju’s, Unacademy, Vendantu, etc.). Par ailleurs, l’écosystème pourrait bien subir des mesures de régulation de la part du gouvernement indien : un scénario déjà réel en Chine depuis l’été 2021 et les mesures du gouvernement chinois. En effet mois de janvier dernier, le gouvernement indien actait une mesure lourde de conséquences pour les EdTechs locales sur le segment de l’enseignement supérieur.

Le schisme entre les EdTechs et l’enseignement supérieur indien

Le 16 janvier dernier, deux organes de régulation sous la juridiction du Ministère de l’Éducation indien, la University Grants Commission (UGC) et le All India Council for Technical Education (AICTE), annonçaient l’interdiction pour les acteurs EdTech de s’associer aux établissements du supérieur. Ces derniers proposaient jusqu’alors, en partenariat avec des startups EdTech, des programmes et diplômes (MBA notamment) en ligne. Ces accords permettaient souvent aux universités de sous-traiter la création de contenus pédagogiques aux EdTechs, deux éléments désormais interdits par la législation introduite par la UGC et le AICTE.

“Some EdTech companies are advertising in newspapers, social media, and television that they offer degree and diploma courses in ODL [ndlr. Open and Distance Learning], and online modes in association with some universities and institutions recognized by UGC. Such a franchise arrangement is not permissible, and action will be taken against defaulting EdTech companies as well as higher educational institutions under applicable regulations.”


Déclaration de la University Grants Commission (UGC) du 16 janvier 2022

Une prise d’action publique était pressentie par la plupart des EdTech indiennes. Une quinzaine de firmes dont Byju’s, Unacademy, ou encore Vedantu s’étaient organisées le 10 janvier dernier pour mettre en place un code de conduite d’auto-régulation — et ainsi potentiellement s’éviter les foudres d’un gouvernement soucieux de l’émergence de géants EdTechs et des enjeux en matière de concurrence et de souveraineté y afférent. Malgré les promesses de transparence faites au Ministère, la décision des régulateurs indiens était prononcée une semaine plus tard.

Le nombre de partenariats entre EdTechs et établissements de l’enseignement supérieur montrait ces dernières années en hausse constante, ce qui n’a pas échappé aux régulateurs indiens. Si désirer maintenir un état de concurrence sur le marché et assurer le bien-être des étudiants sont deux motifs d’action louables, la décision prise par le gouvernement ne fait pas l’unanimité, notamment auprès des Investisseurs.

“Putting a complete stop to online degrees is not the best solution. […] The regulators need to develop a transparent framework to promote healthy collaboration between EdTech and higher education institutions as well as to protect the end learner.”


Amit Ratanpal, fondateur et directeur du fonds d’investissement BLinC Invest

Le K12 et l’enseignement supérieur en Inde : deux marchés sur la sellette ?

Le Ministère de l’Éducation indien se montrait dès décembre 2021 inquiet au regard de la prolifération d’acteurs EdTechs en tout genre sur son territoire. Il en appelait à la vigilance des parents d’élèves quant aux multiples offres proposées par ces derniers, parfois faussement gratuites ou malveillantes. La rédaction d’un texte de loi proposé par le Ministère explicitait la volonté du gouvernement d’empêcher l’installation d’un monopole EdTech, ainsi que d’éviter que des élèves soient exploités par des plateformes mal intentionnées. Certaines proposent en effet le règlement de leurs cours à crédit, qui tendent à piéger les parents – parfois prêt à débourser une fortune pour la réussite scolaire de leur enfant – dans un cercle interminable de remboursement.

“We offer a large market and all are welcome to reach out to Indian students but there cannot be a monopoly. We have a welfare model. [The companies] can come and do business and create wealth. But simultaneously, you cannot exploit my students.”


Dharmendra Pradhan, Ministre de l’Éducation indien

Si le gouvernement indien cible par sa décision les EdTechs opérant dans l’enseignement supérieur, une partie des licornes indiennes comme Byju’s ou Unacademy se consacrent avant tout au K-12 et ne sont donc pas concernées par cette nouvelle interdiction. Byju’s peut être néanmoins être indirectement touché via ses différentes acquisitions pouvant elles toucher à l’enseignement supérieur (exemple : Great Learning, rachetée l’année dernière pour 600 millions de dollars).

Malgré l’introduction de ce nouvel élément de régulation, les EdTech indiennes concernées par ce dernier continueront probablement de croître en se reposant sur les partenariats qu’elles ont noué avec des universités étrangères et en continuant à les proposer à leurs élèves locaux. Great Learning, par exemple, propose différents programme avec la National University of Singapore ou avec l’Université d’Arizona.

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